Il paraît que cette île est surnommée La terre des dieux, que l’air qu’on y respire est plus pur que partout ailleurs dans ce monde. A en croire la grimace de dégoût qu’il affichait, Skrik n’était visiblement pas de cet avis. Il paraît aussi que le château qui y a été bâti est l’un des joyeux de l’architecture humaine. Pour Skrik, ce n’est jamais qu’un tas de cailloux. Et ça l’énerve, les cailloux. Quand il est arrivé, la veille au soir après un voyage de plusieurs semaines à bord d’une succession de navires marchands et de vaisseaux de la Marine, on l’informa de la chance qu’il avait de fouler cette terre bénie. Au milieu des citadins et des nobles qui déambulaient dans les rues comme des rats, Skrik se surprit à regretter les soldats puants la sueur et les négociants malhonnêtes. Au moins avec eux, il savait à quoi s’attendre. Ici, tout n’est que mensonges, illusions et mensonges dissimulés par plus d’illusions encore. Ici, la cruelle réalité de notre monde le frappa plus durement qu’en mer alors qu'au milieu de l'opulence et la richesse survivent des hommes, des femmes et des enfants réduits à l'état d'esclave, que l'on aurait dépossédé de leur statut d’êtres vivants pour n’être plus que des propriétés.
En se grattant la barbe, Skrik songea à ce qui l’avait amené à Marie-Joie. Quand ses supérieurs au Cipher Pol – la police secrète du Gouvernement Mondial – lui confièrent la mission de se rentre à la capitale il l’accepta parce qu’il n’avait de toute façon pas le choix, mais de mauvaise grâce. L’objectif étant de contacter un nouvel agent avec qui il était censé par la suite collaborer sur plusieurs missions d’une importance capitale tout en le gardant à l’œil pour une raison qu’il « n’avait pas besoin de savoir pour le moment » afin de « garder les informations compartimentées et éviter une fuite ». A dire vrai, Skrik se fichait bien des raisons, des causes et des intérêts qu’il sert en travaillant pour le Gouvernement. Sa curiosité s’arrête précisément au salaire qui lui est versé chaque mois. Une somme bien trop insuffisante pour faire preuve de zèle.
La seule information en sa possession : une simple photographie où le visage de Farore S. Corsandre apparaissait au milieu de ce qui pouvait être une forêt ou une jungle que Skrik estima comme provenant de North Blue, mais aucun indice ne lui permettait de se faire une idée sur la jeune femme, son identité, son rôle ou quoi que ce soit révélant une information pertinente. Même ses cheveux d’un gris cendré rendait difficile une appréciation de son âge. Skrik observa le portrait une dernière fois et malgré son désintérêt pour le sexe opposé, il était forcé d’admettre que la femme y qui figurait était d’une indiscutable beauté. Sans y accorder plus d’importance, il chiffonna la photographie et la jeta d’un mouvement lest du poignet dans le feu qui agonisait à ses pieds. Il se leva d’un bond et, jugeant la position du soleil dans le ciel, jugea qu’il était l’heure de se mettre en route.
Plutôt que de dépenser sa solde dans un hôtel hors de prix et dans lequel il se sentirait forcément claustrophobe, Skrik avait monté un campement de fortune sur un bout de plage dans un coin isolé qu’il avait mis plusieurs heures à trouver. Et après une nuit à la belle étoile, le jeune homme se sentait prêt à affronter les vicissitudes du monde moderne. Il débarrassa ses habits du sable qui s’y était infiltré et rangea ses maigres affaires. Son arme lui avait été confisquée à son arrivée au port. Son statut de membre du CP2 – de par sa nature secrète – ne lui fut d’aucune aide. Pas d’arme au château ! L’absence de son harpon se faisait sentir à chaque pas, au déséquilibre qu’il ressentait en arpentant les pavés. Skrik sentit un petit pincement au cœur en imaginant son arme chérie entre les mains brusques d’un inconnu. Il se promit de lui offrir un traitement de faveur dès qu’ils se retrouveraient et qu’il éliminerait cet imbécile de garde s’il avait eu loutre couidance (Skrik n’était pas sûr du mot) de l’abîmer.
Selon les instructions qui lui avait été communiqués discrètement pendant son voyage, Skrik devait attendre l’agent Corsandre à proximité d’une des nombreuses fontaines qui poussaient à Marie-Joie comme des champignons. Précisément, une fontaine présentant des chevaux sculptés en plein galop et qui frappaient l’eau de leurs sabots. Skrik s’en approcha pour apprécier le caractère sauvage que l’artiste avait su exprimer avec une matière aussi figée que le marbre. Malgré l’heure matinale, il avait déjà trop chaud, empêtré qu'il était dans les vêtements civils qu'il portait. En fait, il faisait toujours trop chaud en ville. L’air y était piégé et ne pouvait pas circuler comme sa nature l’y poussait. Assis à l’ombre d’un arbre qu’on avait honteusement piégé dans la pierre, Skrik s’abîmait dans la contemplation de l’eau en attendant que la raison de sa présence ici se manifeste enfin et jouait machinalement avec le petit insigne en métal qui devait permettre à l'agent inconnu de le reconnaître.
En se grattant la barbe, Skrik songea à ce qui l’avait amené à Marie-Joie. Quand ses supérieurs au Cipher Pol – la police secrète du Gouvernement Mondial – lui confièrent la mission de se rentre à la capitale il l’accepta parce qu’il n’avait de toute façon pas le choix, mais de mauvaise grâce. L’objectif étant de contacter un nouvel agent avec qui il était censé par la suite collaborer sur plusieurs missions d’une importance capitale tout en le gardant à l’œil pour une raison qu’il « n’avait pas besoin de savoir pour le moment » afin de « garder les informations compartimentées et éviter une fuite ». A dire vrai, Skrik se fichait bien des raisons, des causes et des intérêts qu’il sert en travaillant pour le Gouvernement. Sa curiosité s’arrête précisément au salaire qui lui est versé chaque mois. Une somme bien trop insuffisante pour faire preuve de zèle.
La seule information en sa possession : une simple photographie où le visage de Farore S. Corsandre apparaissait au milieu de ce qui pouvait être une forêt ou une jungle que Skrik estima comme provenant de North Blue, mais aucun indice ne lui permettait de se faire une idée sur la jeune femme, son identité, son rôle ou quoi que ce soit révélant une information pertinente. Même ses cheveux d’un gris cendré rendait difficile une appréciation de son âge. Skrik observa le portrait une dernière fois et malgré son désintérêt pour le sexe opposé, il était forcé d’admettre que la femme y qui figurait était d’une indiscutable beauté. Sans y accorder plus d’importance, il chiffonna la photographie et la jeta d’un mouvement lest du poignet dans le feu qui agonisait à ses pieds. Il se leva d’un bond et, jugeant la position du soleil dans le ciel, jugea qu’il était l’heure de se mettre en route.
Plutôt que de dépenser sa solde dans un hôtel hors de prix et dans lequel il se sentirait forcément claustrophobe, Skrik avait monté un campement de fortune sur un bout de plage dans un coin isolé qu’il avait mis plusieurs heures à trouver. Et après une nuit à la belle étoile, le jeune homme se sentait prêt à affronter les vicissitudes du monde moderne. Il débarrassa ses habits du sable qui s’y était infiltré et rangea ses maigres affaires. Son arme lui avait été confisquée à son arrivée au port. Son statut de membre du CP2 – de par sa nature secrète – ne lui fut d’aucune aide. Pas d’arme au château ! L’absence de son harpon se faisait sentir à chaque pas, au déséquilibre qu’il ressentait en arpentant les pavés. Skrik sentit un petit pincement au cœur en imaginant son arme chérie entre les mains brusques d’un inconnu. Il se promit de lui offrir un traitement de faveur dès qu’ils se retrouveraient et qu’il éliminerait cet imbécile de garde s’il avait eu loutre couidance (Skrik n’était pas sûr du mot) de l’abîmer.
Selon les instructions qui lui avait été communiqués discrètement pendant son voyage, Skrik devait attendre l’agent Corsandre à proximité d’une des nombreuses fontaines qui poussaient à Marie-Joie comme des champignons. Précisément, une fontaine présentant des chevaux sculptés en plein galop et qui frappaient l’eau de leurs sabots. Skrik s’en approcha pour apprécier le caractère sauvage que l’artiste avait su exprimer avec une matière aussi figée que le marbre. Malgré l’heure matinale, il avait déjà trop chaud, empêtré qu'il était dans les vêtements civils qu'il portait. En fait, il faisait toujours trop chaud en ville. L’air y était piégé et ne pouvait pas circuler comme sa nature l’y poussait. Assis à l’ombre d’un arbre qu’on avait honteusement piégé dans la pierre, Skrik s’abîmait dans la contemplation de l’eau en attendant que la raison de sa présence ici se manifeste enfin et jouait machinalement avec le petit insigne en métal qui devait permettre à l'agent inconnu de le reconnaître.